top of page

Qu'est-ce que le capitalisme (petite synthèse pédagogique à usage militant).

Il s'agit ici de proposer un petit texte, simple, clair et synthétique, dans un but de formation. On entend bien souvent le mot "capitalisme", mais hélas, comme c'est le destin de bien des notions, ce terme, dans bien des esprits, ne suscite pas une idée précise.




Qu’est-ce que le capitalisme ?



Le capitalisme est un mode de production au sein duquel certains possèdent la terre et/ou l’appareil de production (les usines et les machines) et d’autres n’ont que leur force de travail qu’ils doivent donc vendre aux premiers pour subsister en recevant un salaire. Le capitalisme, engendre donc le salariat. Ainsi, au Moyen-Âge, au temps du féodalisme, les serfs travaillaient la terre, possession du seigneur, et en vivaient, mais devaient donner une partie non négligeable de leur production aux seigneurs, le plus souvent en nature : il y avait donc exploitation des uns par les autres, domination, mais pas de salariat, donc pas non plus de capitalisme. En somme, le serf et la terre, ainsi que la production du travail du premier sur la seconde, appartenaient à la noblesse. Avec l’apparition graduelle du capitalisme, qui va prendre tout son essor au XIXème siècle avec la révolution industrielle, le travailleur n’appartient plus qu’à lui-même, il n’est lié que par un contrat qu’il accepte librement, contrat qui stipule qu’il travail pour un autre selon certaines modalités et en échange d’un certain salaire. On voit donc que le salariat généralisé est une chose historiquement récente : avant le capitalisme, ni le serf, ni l’artisan, ni le marchand ne sont rémunérés par un salaire. Par exemple, l’artisan était rémunéré par la vente de ce qu’il produisait librement.


Est-ce que, pour autant, exploitation et domination disparaissent avec le capitalisme ? Non. Expliquons cela :

Le capitaliste investit dans une usine, il paye des gens pour venir y travailler. Tout ce qui est produit lui appartient et sera vendu sous forme de marchandises (ou de services). Ce qu’il faut souligner, c’est que c’est le travail qui, à partir de matières premières, crée les marchandises, et donc la valeur (c'est-à-dire ce que cela va rapporter à la vente). Pour être précis, les matières premières et les machines coûtent un certain prix sur le marché à un moment donné, le capitaliste les achète, les travailleurs transforment à l’aide des machines ces matières premières pour créer quelque chose de nouveau qui aura plus de valeur, on nomme cela création de la survaleur. Mais où ira cette richesse ainsi créée ? Pour une part, dans le salaire des travailleurs, pour une autre part, dans la poche du capitaliste. Cela signifie donc que si un individu travaille x temps pour produire y survaleur, il ne recevra pour salaire qu’une partie de y, ce qui revient à dire que son salaire ne rémunère qu’une portion de son temps x de travail, et que pour le reste de ce temps, il travail gratuitement ! C’est ce que l’on nomme exploitation capitaliste du travail : le profit du capitaliste, c’est la captation d’une part plus ou moins importante de la richesse ou survaleur produite par ceux qui travaillent. Actuellement, en France, on estime que 60%-70% de la survaleur va au salaire et 30%-40% au profit capitaliste, ce qui revient à dire que dans sa vie de travail, un individu moyen passe 40% de son temps à s’activer gratuitement pour le profit d’un autre ! Par ailleurs, on comprends aussi que l’intérêt du capitaliste, c’est de faire travailler les gens le plus possible avec le salaire le plus faible possible : c’est pourquoi tout le monde parle aujourd’hui de supprimer la semaine des 35h, du travail le dimanche ou encore de repousser l’âge de départ à la retraite (qui est du salaire différé), et ne parlons pas des délocalisations vers des pays où le prix de la main d’œuvre est dérisoire… Dans tous les cas, il s’agit d’augmenter le profit capitaliste au détriment du salaire, bref de faire augmenter le taux d’exploitation en accroissant la part de survaleur captée par le capital, alors que c’est le travail qui crée cette survaleur. Pour le dire plus clairement, pour le capitaliste, il s’agit de voler toujours plus de la richesse que les travailleurs produisent. A cela, il faut ajouter que l’augmentation du profit capitaliste passe aussi par l’augmentation de la productivité : le travailleur crée plus de survaleur en un même laps de temps. Cela détermine les conditions de travail ainsi que la nature du travail : travail à la chaîne pour les uns, management pour les autres, toute une somme de pressions et de modalités qui font du travail un enfer et des travailleurs des bagnards.


En outre, l’Etat, c'est-à-dire la haute administration, puis l’exécutif et le législatif, est au service du capitalisme. En effet, l’Etat a pour rôle de maintenir les conditions dans lesquelles l’exploitation du travail peut continuer et se faire au mieux : sa fonction fondamentale est de protéger le droit à la propriété privée de la terre et de l’instrument de production, propriété privée qui est le fondement du capitalisme. Lorsque le rapport de force est en faveur des capitalistes, c'est-à-dire lorsqu’il n’y a pas de résistance de grande ampleur des travailleurs, l’Etat peut alors faire passer des lois et des réformes pour maximiser le taux d’exploitation. C’est pourquoi il ne faut rien attendre des partis politiques dominants, ceux qui se battent pour diriger l’Etat, car, quelles que soient leurs étiquettes, ils sont au service du capital. Il faut donc cesser de croire en la démocratie, qu’on nous vante tant, et qui n’est en vérité qu’un système dans lequel on nous propose d’élire les uns ou les autres, mais toujours en leur délivrant un chèque en blanc, et avec la certitude qu’ils serviront les intérêts du capital et non pas l’intérêt général. Ces partis disposent des moyens importants que leur alloue le capital, et monopolisent la scène politique et médiatique pour rendre tout autre discours inaudible. Il faut, d’ailleurs, souligner qu’aucun des partis qui tiennent l’Etat ne remet en cause le mensonge de la théorie économique libérale, devenue dominante, celle qui prétend que c’est l’entreprenariat privé qui est le moteur nécessaire de l’économie, et donc de la création de richesse, cette dernière devant ensuite « ruisseler » naturellement sur l’ensemble des membres de la société. Il ne saurait donc y avoir de démocratie tant que le politique est la marionnette des capitalistes, ni tant que ce ne sont pas les gens eux-mêmes, dans des institutions qu’il reste à inventer, qui prennent les décisions.


Est-ce tout ? Non, hélas.

De ce qui précède, il découle en effet que les capitalistes, pour faire croître leur profit, et ils ne pensent qu’à cela, ne doivent cesser de faire produire des marchandises par les travailleurs. Peu importe donc les besoins réels, il faut produire, toujours plus produire (d’où l’obsession actuelle de la croissance), et au moindre coût. Cela ne peut qu’entraîner la surproduction, donc un engorgement de la consommation (trop de marchandises pour que le marché puisse les absorber), donc des crises économiques, des entreprises qui ferment et la misère pour les travailleurs. Ou bien alors il faut recourir à des ruses telle que l’obsolescence programmée, des produits à courte durée de vie, ou bien encore la course à l’innovation et au nouveau gadget qui rend l’ancien périmé. Il faut que l’économie s’engage dans un formidable cycle de destruction – création afin que les marchandises continuent de s’écouler, et c’est alors la société de consommation (dans laquelle les travailleurs achètent avec l’argent de leur salaire ce qu’ils ont eux-mêmes produit). Mais on le sait bien, une telle débauche productive entraîne de véritables catastrophes écologiques, le capitalisme est en train de détruire cette planète, et ceux qui en pâtissent le plus sont bien évidemment les pauvres, donc les travailleurs eux-mêmes. Ainsi, dans le capitalisme, une grande majorité de la population doit travailler comme au bagne pour que d’autres amassent des profits gigantesques pendant que l’équilibre écologique est mis à mal et que les catastrophes ainsi engendrées frappent en priorité ceux qui ne peuvent s’en défendre, à savoir les travailleurs eux-mêmes. Ne disons rien de l’industrie agroalimentaire et de ses méfaits en ce qui concerne la santé publique.



Tag Cloud
Pas encore de mots-clés.

Les articles ici présentés peuvent être librement diffusés et commentés. Merci, cependant, de ne pas les modifier, et de citer leur auteur et ce blog quand vous les utilisez.

bottom of page